Alors que les émeutes font rage suite à la fermeture de la ruelle des mendiants, son nom est sur toutes les lèvres. Il est même noté sur certains parpaings, on vend des bougies à son effigie pour le voir se consumer dans son salon et sa photo vient d'entrer dans le Top 3 des photos le plus plaquées sur les cibles des jeux de fléchettes. C'est myrddin, le chef du CdBM, qui a accepté cette interview dans son bureau afin de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.


Journaliste:"La fermeture est le premier réel impact d'un clan sur la ville. Était-ce une volonté de longue date que de fermer la ruelle?"

myrddin:"Non, bien sur que non. Nous avons sollicité les services administratifs de la Ville il y a quelques jours seulement car devant l'ampleur du phénomène, il n'y avait pas d'autres solutions pour faire taire les zloteurs. Je peux vous assurer que les mendiants n'avaient rien d'humbles ou misérables et quand ils ne se vantaient pas de dilapider leur salaire au bonneteau, ils réclamaient du strul en échange d'un peu d'expérience. Est-ce là la vie à laquelle nous aspirons ? Perdre toute dignité sous prétexte qu'il y a du strul facile à se faire sur le dos de la charité ? Non."


J:"Êtes-vous fier de la réussite de cette action, en tant que chef du Clan des Bonnes Mœurs? C'est quand même une réussite majeure de mobiliser tant de bande en morphoplastoc, de barrières et de personnel..."

M:"Au Club, nous ne faisons que notre devoir de censeur en prenant les dispositions nécessaires pour faire cesser la zlote. Nous défendons la veuve et le pioupiouk quand la situation l'exige, mais il faut savoir aussi se montrer impopulaire quand la morale l'exige. Loin d'être fier, je suis déçu du comportement de notre peuple. On dirait des animutants qui beuglent sur le parvis du Club. Ne savent-ils pas s'exprimer sans jeter des cailloux ?"


J:"N'avez-vous pas peur que cela fasse les affaires du MLB, avec lequel vous n'entretenez, c'est le moins qu'on puisse dire, pas une bonne relation?"

M:"C'est déjà le cas tu ne penses l'ami ? Le MLB et plus particulièrement son Chef Zorba qui a commis une erreur il a de ça peu (NDLR:dans l'affaire Bachibuzouk) et pour sur qu'il y a laissé des plumes. S'il peut faire oublier sa polémique en tapant du poing la Saine Censure, pour sur qu'il ne se privera pas le grenaud, il n'est pas bête."


J:"En lançant ce plan de grande envergure, vous attendiez-vous à des émeutes semblables à celles survenues?"

M:"Quand on devient censeur, on agit au nom des bonnes moeurs et non pour être aimé, il ne faut pas l'oublier. Je savais que la mesure allait susciter la polémique, mais je ne pensais pas qu'ils agiraient trompe baissée comme des crocomouths. C'est grave, ça signifie que le strul est devenu omniprésent dans la bluxtre de ces malheureux et que non content de gagner un salaire, ils en veulent plus, toujours plus. Et la prière dans tout ça ?"


J:"Pensez-vous finalement que la ruelle finira par rouvrir? Que les bouzouks se montreront finalement assez dignes et moraux?"

M:"Evidemment que c'est prévu, il s'agit là d'une mesure provisoire mais tant que nos bouzouks ne retrouveront pas l'humilité et joueront à celui qui lance le caillou le plus loin, un retour à la mendicité n'est pas envisageable. C'est pas compliqué pourtant, on leur demande de laisser la place aux nécessiteux et d'agir dignement."


J:"Une dernière question: Envisagez-vous d'autres actions fortes pour ramener les bouzouks vers la morale?"

M:"On reste en contact le grenaud, mais je peux déjà te dire que le tour des entreprises en 80 jours va reprendre et qu'on garde le maire à l'oeil. D'ailleurs, bonne chance Lineo et félicitations pour ton ascension!"

Les chiffres sur le nombre de chômeurs, de mendiants et de Bouzouks séjournants à la Maison du bonheur ne suffisent pas à prendre pleinement conscience de l'énormité de la zlote.
Nous savons qu'il y a des dizaines de chômeurs, plus d'une centaine de mendiants, et quelques malheureux à l'Asile, mais hélas, ce n'est pas tout.
En effet, bien d'autres petites misères s'ajoutent à cette grande misère. Voyez plutôt : Il y a un manque important de sourires de la part des bouzoukettes, cela mène à une chute de la natalité ; il y a trop peu d'activités culturelles, cela amène de l'ennui ; il y a un manque grave d'activité sportive d'une large majorité de Bouzouks, ce qui réduit la productivité ; il y a une explosion dangereuse de blagues vaseuses, cela empêche de prendre la vie du bon côté ; il y a la moitié du montant du lohotoh ponctionné par la mairie, ce qui est absolument révoltant ; et il y a encore tout un tas de petites choses pour amener encore un petit peu plus de zlote.

Face à ce constat j'ai réfléchis longuement à ce qu'il fallait faire afin d'améliorer les choses. Et puis soudain une idée géniale me traverse l'esprit, il faut interviewer un brave pochtron ! Un de ceux qui connaissent la rue et ses difficultés, et auquel il suffit de donner deux bierrouïoli pour obtenir une réponse à toutes les questions. En avant !
Garamd : Bonjour mon brave, n'auriez-vous pas une astuce pour éviter la misère ?
Le pochtron : Salut, t'as qu'à tout miser sur le bol 4, il est toujours gagnant, vainqueur à cent pour cent ! C'est assuré, c'est pas du chiqué !
Garamd : Vraiment ? Pourtant il n'y a que trois bols...
A ce moment-là le pochtron se met à rire comme un bossu. Etant donné que le bouzopolicier qui se trouve au coin de la rue est en train de proposer à une bouzoukette de faire une démonstration du fonctionnement de la matraque télescopique réglementaire, je me retiens de faire signe à ce gardien de la paix, malgré mon souhait de le voir recadrer l'alcoolique, car je ne suis pas du genre à déranger un bouzopolicier qui remplit son devoir d'information envers la population, surtout quand on sait qu'il est facile de se retrouver à devoir payer une amende pour un motif quelconque.
Et puis au bout d'un moment l'amateur de boissons alcoolisées s'arrête de rire et se décide à relancer la discussion.
Le pochtron : T'as pas compris, le bol 4 c'est une métaphore, le bol 4 c'est ta poche, le bol 4 c'est quand tu ne joues pas au bonneteau !
Garamd : Oui c'est ça, arrête de boire, au revoir !
J'ai coupé court à la conversation à ce moment parce que l'opinion du pochtron sur le bonneteau m'a scandalisé, si on renonce à ce sympathique jeu, comment fait-on pour espérer gagner des fortunes sans effort ? Ce serait vraiment la misère !

Après l'échec rencontré avec l'adepte du bol 4, j'ai eu une autre idée, et pourquoi ne pas essayer de philosopher sur ce sujet pour dépasser le cadre restreint de notre vision partielle des choses ? Après réflexion je me suis dit qu'il vaut mieux jouer au bingo, c'est moins compliqué et beaucoup plus amusant. Bon, on n'est pas certain de gagner mais si on gagne c'est tout de suite un gros lot, c'est bien connu, au bingo on ne gagne que des gros lots.
Bingo ! Gros lot ! Bravo ! Voilà une belle musique qui met du baume au coeur !

Tout cela m'amène à vous poser, chers lecteurs, ces deux questions : Ne vaut-il pas mieux chercher la fortune plutôt que de se préoccuper de la misère ? Pourquoi perdre son temps à chercher à résoudre des problèmes si complexes quand on peut gagner des fortunes sur un coup de chance ?
Vos réponses sont attendues avec impatience !

Nous sommes le 16/03/2954. Un épais nuage vert opaque se forme dans le ciel au dessus de la Colline Pourpre et la qualité de l’air passe temporairement de -STO à –POO sur l’échelle de KAH à GNEE conçue par le CSPNSDS (Comité de Surveillance dont Personne Ne Sait D’où il Sort). Peu de curieux étaient là pour voir qui le Saint Schnibble avait choisi pour diriger la Secte. Que se passait-il qui empêche les zouks et zoukettes de se rendre sur les lieux ?

Le manque d’éducation, tout d’abord. Le Schnibble n’est plus, pour beaucoup, qu’un rocher incrusté d’émeraudes aux vertus plus incroyables les unes que les autres : Allongement des trompes, accès à la connaissance, capacité à parler aux pioupiouks, richesse…Nous avons demandé à la Maitresse, Miss Augine, ce qu’elle pense du problème d’éducation du peuple bouzouk. Mis à la porte en quelque secondes avec KAHGNEEGNEE lignes « je ne dois pas déranger la Maîtresse pendant les controuilles surprises » à copier pour demain, nous n’avons pas pu en savoir plus.

Le manque de temps également. Car comme disait Saint Anonyme : « C’est là où le bouzouk perd son temps qu’il a perdu sa foi. ». Addiction aux rayons gamma, exploitation, temps de préparation du pioupiouk rôti…Autant de fléaux chronophages qui détournent le bouzouk de sa quête spirituelle. Alors que nous voulions interroger J.F Sébastien à sa sortie de la mairie, nous avons appris qu’il ne saurait plus où se trouve l’hôtel de ville, ce qui explique en partie la passivité relative de son mandat. Encore un mystère sans réponse…

Finalement, le déni de la foi. Le MLB occupé à ses coopératives, la famille Struleone sur le Marché Noir, nous avons dû nous tourner vers la rue pour obtenir une réponse. En plein milieu de la ruelle des mendiants, une bouzoukette sans tee shirt, des écritures étranges partout sur le corps, s’est jetée sur nous en pioupioukant : « A bas le Schnibble ! » avant d’être emmenée par la bouzopolice. « On ne l’emmène pas pour ce qu’elle dit, le Club ne veut pas d’exhibitionnisme. » Preuve encore que le blasphème ne dérange plus tant qu’il le devrait…

Mais si il y a un endroit où l’on entend beaucoup le mot « Schnibble », c’est bien dans la ruelle des mendiants, qui ne désengorge pas. Tassés dans l’allée, main tendue et le teint blême, ce n’est pas la foi qui les guide mais la nécessité. Ils ne prient pas, ils supplient. Et si les gargouillements d’estomac n’ont pas fini de raisonner, c’est pourtant là que sont les premiers signes d’une vraie crise de foi."