Léon est un bouzouk plus tout à fait comme les autres. Il a enfin plus de trois struls en poche, enfin de quoi faire plus que se nourrir et payer ses taxes, enfin de quoi se construire un patrimoine.


Comme un certain nombre de bouzouks, Léon s'est pris de passion pour tout ce qui est rare, cher, beau, rare et surtout cher. Il a d'abord collectionné les struls. Puis les cartes de plouk. Puis les tickets perdants de Lohtoh. Puis les jouets surprises dans les sachets de kahuètes. Mais il en voulait plus.


Alors il alla dans un des lieux phares de la vie vlurxtrznbnaxlienne actuelle: la salle d'enchère. C'est là que les bouzouks aisés passent la majeure partie de leur temps en dehors de la Terrasse des Nobles, depuis que le bureau des plaintes est moins à la mode chez les BouZouks.


En quoi consiste une salle d'enchère? Un objet d'une rareté certifiée est proposée à la vente par un bouzouk qui l'a souvent acquis de manière fort respectable au Marché Noir, avec une enchère s'étendant généralement jusqu'au lendemain. Le but de cette Olympiade du strul est finalement de faire monter l'enchère pour que votre voisin de gauche quitte la salle trompe basse, incapable de surenchérir au delà de la première demi-heure d'une enchère de 48h, ou que votre voisin de droite puisse acquérir un objet à un prix défiant tout arnaqueur.


Venu tâter le terrain avec espoir, Léon n'a rien pu acheter avec ses six struls. Il décide alors d'économiser un peu plus avant d'essayer d'acquérir un repas exclusif évalué par la salle à 8500 struls ou encore un Schnibble Corrompu à 5500 struls.


Mais si Léon retourne au travail, traversant au passage des rues pour la plupart désertes ou presque, dès lors qu'on s'éloigne de la salle de plouk et du centre administratif, c'est parce qu'il y a un autre objet rare qui lui tient à trompe. Un objet rare qu'il ne pense pouvoir obtenir que par le strul, comme beaucoup, désormais.


Cet objet? La Notoriété [Très Rare].

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Dans un désir de toujours donner l'information qu'il souhaite au lecteur, votre journaliste préféré, ouah a décidé d'aller à la rencontre des créateurs de l'émission qui fait parler d'elle : Les Grazouks de l'Intox.
Pour répondre aux questions qui parsèment vos lèvres brûlantes, j'ai donc humblement publié un condensé de l'interview que ouah et dedel ont bien voulu m'accorder.

Ouah : Bonjour, meszouks les producteurs des Grazouks de l'Intox.

Ouah : Bonjour, cher Journaliste ! Permettez moi de vous dire que j'admire beaucoup votre travail.

O : Merci, merci, mais ce n'est pas le sujet, voyons ! Tâchons de mettre de côté mon égocentrisme pour cet interview.

O : Cessez cette modestie pour l'amour du Schnibble !

O : Je ne vois pas dedel avec vous ?

O : En effet, il a du s'absenter mais je suis en mesure de répondre pour lui.

O : Très bien ! Alors-alors, racontez moi tout. Cette émission, d'où vient-elle ?

O : Oh, c'est moi qui ai eu l'idée, c'est moi qui écris le scénario, qui fais les voix et qui créé les marionnettes, mais je tiens tout particulièrement à souligner le travail de mon associé dedel sans qui rien n'aurait pu être possible.

O : Vous faites preuve d'un altruisme jamais connu, vous êtes tout simplement génial.

O : Question suivante, s'il vous plait.

O : Ces marionnettes... fascinantes... proches de la réalité ! Mais sont elles vraiment approuvées par les bouzouks qu'elles singent ?

O : Je conçois que leur réalisme peut parfois pousser à prendre leurs dires pour vrais, mais je vous assure que non : ce qu'il se passe aux Grazouks ne se passe pas dans la vie réelle. Nous nous inspirons de ce que nous voyons, mais aucun accord est suscité pour exprimer notre art. C'est ça, la liberté de la presse !

O : Et c'est admirable. Vous faites un travail admirable. Vous êtes admirable.

O : Question suivante.

O : Oui, oui. Nos sources d'informations nous rapportent que les audimats baissent, comptant 20 % pour la première émission, et seulement 11% pour les deux suivantes. Qu'en pensez vous ?

O : C'est que la qualité de notre travail est reconnue. Les curieux cessent de suivre, ils savent en quoi cela consiste et se font juste avertir si ils sont un jour Grazoukifiés.

O : Un bon bilan, en somme. Je vous félicite. Félicitations. Vous êtes admirable.

O : Question suivante.

O : Mais bien entendu ! Nos lecteurs aimeraient savoir si Oui ou Non vous et dedel vivez une... "aventure" ensemble ? Nous voyons bien que vous avez une certaine complicité à l'écran...

O : Mais qu'est ce que... ? ÉTEIGNEZ CET ENREGISTREUR !

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Polémique. Voilà un mot qui décrit bien cette trilogie.

Nous voilà arrivés à la fin d'une réflexion sans prétention et chargée de déterminer pourquoi des bouzouks comme les consortistes gagnent des élections et pourquoi des bouzouks censés former l'élite Vlurxtrznbnaxlienne en perdent.

La conclusion est pour le moins inattendue.

En effet, j'ai conclu qu'on a peut-être fermé les portes de la Terrasse des Nobles au bouzouk lambda mais que l'élite n'est plus celle qu'on avait coutume de connaître. C'est avec beaucoup de précaution que j'émets la suggestion que, peut-être, l'élite est formée par ces travailleurs, contribuables et anonyzouks. Peut-être que l'exploité lambda a plus d'importance que le riche enstrulé.

Alors, je ne suis vraiment pas surpris de voir cette majorité silencieuse composée de voix diverses et variées se coaliser derrière le Vlurxtrznbnaxl Consortium. Certes, il est populiste, démagogue et pas très malin. Mais il a su crier assez fort pour se faire entendre des bouzouks les plus défaillants.

Dès lors, devons-nous considérer que c'est une attitude politicienne visant à profiter des faiblesses du peuple ?
Est-ce un mérite ou une faute de se prévaloir du statut de porte-parole de la misère du peuple ?

J'ai beaucoup analysé le gouffre qui s'est creusé entre ceux qui ont de quoi et ceux qui n'ont pas ou plus de quoi. Ce qui est en est ressorti est que malgré la réticence des classes dîtes supérieures à vouloir reconnaître qu'il y a une ambition populaire à s'élever, il y a un problème mal exploité et auquel aucune réponse adéquate n'a été apportée.

Aujourd'hui, plus que le strul mal distribué, la culture, les arts et les médias ont été pris en otage par les intellectuels proches ou membres de la Terrasse des Nobles. Il n'y a plus cette volonté de donner au peuple ce qu'il veut mais plutôt de donner au peuple ce qu'il doit recevoir. Et cette caste à part de l'Intelligentsia bouzouk protège jalousement son bien le plus précieux car il lui donne cette supériorité morale à la résonance immense.

Donc, même si des bouzouks comme les consortistes sont élus Maire de la Ville, il y aura toujours un monopole du strul, de la culture et des médias détenu par la Terrasse des Nobles.
Après tout, qu'est-ce qu'un mandat municipal sinon une quinzaine incontrôlable ?

Le pouvoir, lui, est dans le marbre des villas. Il est dans la pierre des murs qui séparent la prétendue élite de la véritable élite.
C'est comme si on assistait à une révolution silencieuse avec un sommet qui aspire l'air le plus sain et contente une base avec le reste.

Et oui, le bouzouk lambda ne possède rien. Il est sans le strul. Il ne peut pas exprimer sa voix. Et, surtout, il est le jouet d'ambitions qui le dépassent.
Un jour, il est l'objet du consortiste qui contente ainsi sa soif de pouvoir. Un autre jour, il est l'objet d'un Struleone qui contente ainsi sa soif de strul. Et un troisième jour, il est l'outil de la tortueuse Révolution MLBiste qui crée ainsi, le temps d'un mandat, un idéal qui sera conspué et renvoyé sur le papier-brouillon.

Dans tout ce chaos d'intérêts et de velléités inanimées, il reste pourtant celui qui demande le peu et le moins. Et cette personne est le bouzouk lambda. Lambda mais désireux d'être plus.
Et c'est parce que c'est sa nature, qu'il se complaît dans son rôle de pioupiouk rêvant, un jour et à son tour, de dévorer jusqu'à sa propre conscience.

Maintenant, je dois conclure. Et laissez-moi vous apprendre que la Terrasse des Nobles n'est pas déconnectée de la réalité. Elle n'y est pas connectée non plus.

La Terrasse des Nobles est en elle-même une sombre réalité dont on pourrait se passer. Il existe cependant une force qui fait qu'elle est ce que l'on hait le plus. Et en même temps, elle est ce que l'on rêve d'intégrer un jour.

Du rêve MLBiste au rêve Struleone, en passant par le rêve consortiste, je me demande lequel trouvera, un jour peut-être, la signification et la forme véritable du rêve bouzouk ?

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