Notre petit bouzouk finissait tôt le travail, ce soir-là. Il était autour de ZIG heures du matin et il rentrait chez lui. Bien sûr, il n’était pas à l’abri d’attaques de mendiants insomniaques ni de déstruleurs masqués. Pourtant, il se sentait rassuré par la douce lueur qui émanait des lampadaires. Mais d’où vient la lumière de nos maisons, de nos entreprises et de nos ruelles les moins sombres et inquiétantes ?


De nombreuses tentatives ont été faites pour en arriver à notre système d’éclairage actuel. Pour ne plus avoir à rester dans le noir, Pr. Boo Gee fit entrer le bouzouk dans l’ère du feu. En inventant les torches à base de cuisses de pioupiouk, il inventa une manière ingénieuse d’avoir de la lumière et de mettre le feu à sa maison quand on va se coucher. Sans compter cette superbe innovation gastronomique que peu de cuisiniers maitrisent encore aujourd'hui : le flambage. On raconte qu’il a finalement été interné le restant de sa vie après que sa compagne, Jeanne Dark, se soit éteinte dans des circonstances mystérieuses.

Dans le cadre des sciences hérétiques, un scientifouilleur, Mac Graveur, aurait créé un lampadaire avec un morceau de Schnibble traité et un trombone irradié. Activement poursuivi par les sectaires, il n’a pu faire éclairer qu’une rue, pour une durée d’une semaine. Tous les bouzouks qui ont traversé cette rue, dite de la Malédiction, aurait été transformé en pioupiouk maudit, avant que la rue elle-même ne disparaisse, engloutie dans les tréfonds de la Colline Pourpre pour être remplacée par la Rue du Renouveau. C’est du moins ce que diraient les archives de la Secte de l’époque.

Finalement, les historiens frétillent de la trompe en racontant toutes les idées zlotées de nos ancêtres bouzouks, comme les frères Lumière, qui se seraient fait des films, ou encore un certain Luc Lecalqueur, qui s’éclairait et se battait avec un sabre lumineux que personne d'autre que lui n'a jamais su rallumer. Ils n’ont pourtant que peu d’informations sur notre manière actuelle de faire briller les luminaires. Il semblerait que ce soient de toutes bêtes ampoules à électricité, fournie par des systèmes à radioactivité ultra-concentrée. Par tradition, c’est la mairie qui fournit la ville en énergie. En retour, la taxe sur l’énergie est contenue dans les 2% obligatoires de l’impôt sur le revenu. Et parfois dans les 80% des taxes surprises, mais ça, ce n'est pas la même tradition.


Et finalement, personne ne s’est plus posé la question depuis, jusqu’à notre petit bouzouk. Mais après tout, n’est-ce pas là la mission d’un petit culturé, que de faire la lumière sur ce qui l’entoure ?

La Rédac’, récemment alertée sur le sujet, a décidé de relever le défi et de mener l’enquête. Normalement, j’avais mieux à faire de mes nuits, mais Fuyuzora avait mantra, Obey, il pouvait pas et les autres… non plus.

Alors j’ai mis ma tenue furtive (oui oui, j’ai ça dans mes placards) : un joli p’tit leggin et un mignon débardeur, noirs, très près du corps (j’adore). J’ai troqué les talons zaiguilles contre une paire de skate bas, dissimulé ma soyeuse chevelure dorée dans un bonnet foncé, et j’suis partie, solo (même pas peur), planquer dans vos jardinets, là ou sèche le linge.

J’suis restée dans les beaux quartiers, pasque, ho, faut pas déconner, croiser des clodos la journée, ça va, mais la nuit, non merci ! Pis le voleur est pas fou, il va pas chourrave des chaussettes sales et trouées…

J’ai commencé par un jardinet très coquet, fleuri et coloré, au moins autant que son propriétaire, que je n’ai pu identifier qu’une fois la perruque aperçue, séchant glorieusement sur le fil à linge. Ouep le Grenaud, ouep la Goulue, j’étais chez myrddin le Super Censeur (pas "de choc" nan, ça c’est Rick !). J’ai donc observé tout le fil, autour de la perruque, et là, stupeur ! Pas de chaussettes ! Trop beauf pour not’ cher censeur à la pointe de la hype, à n’en point douter ! (par contre, je lui ai gaulé deux trois p’tites dentelles qui feront leur effet, je te le promets…)

Qui dit pas de chaussette dit pas de voleur. J’ai donc zoné dans les jardins voisins. Vous serez surpris (ptet pas autant que moi, m’enfin) d’apprendre que nodaska arrose ses fleurs baille naillte et apwal (berk). Là non plus, pas de chaussette (à part dans l’calebard)…

Je poursuis, j’arrive à la Villa Struleone. Là, je ne m’arrête que pour bisouter le proprio, la baraque étant plutôt bien gardée, les chaussettes me semblaient en sécurité.

Je me suis épargné la peine de visiter les jardinets de bouzoukettes, celles-ci ayant le bon goût de ne pas mettre de chaussettes avec des talons zaiguilles, comble de la beaufitude (myrddin confirmera sans doute). J’ai également zappé volontairement caribuzouk, vu que d’une part, il crèche au Manoir Troma, et d’autre part, il ne met pas de chaussettes à ses sabots.Et les entogés, mettent-ils des chaussettes dans leurs sandalettes ? Certes non.

J’voulais pas aller chez TodZ, vu comme il me reçoit à chaque fois, m’enfin conscience professionnelle oblige (curiosité ? espoir de l’apercevoir ? non, vous n’y êtes pas du tout !), j’y suis quand même allée. Planquée dans un buisson, j’ai vu Dyns (ligoteur à ses heures), à genou au-dessus d’une bassine, frottant avec amour le linge sale du Cornu. S’il lui arrivait fréquemment de le humer avant de le laver (surtout les slops), il n’a cependant rien piqué.

Broucouille, je décidais de faire un crochet par chez boubouch. Vue la djeungeule dans son jardinet, c’est sûr, il passe sa vie à la Binouze du Plouk et bosse comme un… (oh dis donc !) un exploité !

Gourmande, je file chez ANAMNESIS, toujours prêt à me payer une coupette et plus si affinités. Et c’est là que je suis tombée sur notre voleur ! Pas fou l’grenaud, il piquait les chaussettes en soie du délicat et élégant anam’. Enfin, seulement les gauches.

Je le hélais « Hep toi le voleur de chaussettes gauches ! » et l’assommais de questions. À son réveil, je pu enfin obtenir quelques réponses :

Pourquoi des chaussettes ? J’suis fétichiste.
Pourquoi en soie ? J’ai la peau sensible.
Pourquoi celles d'ANAMNESIS? Parce qu’il a du goût. Et des struls. Ça lui manquera pas.
Mais enfin… Pourquoi seulement les gauches ? Parce que… je suis MLBiste !!!

La déhonte au logis m’interdit de vous révéler l’identité du gredin, bien que la tentation soit grande de jeter l’eau propre sur lui. M’enfin, voilà donc une affaire rondement menée (merci Hunter pour la formation d’enquêteur !). La vérité a encore éclaté et vos chaussettes peuvent sécher en paix.

Il y a quelques jours, à la demande de Bergamorf, a été réalisé un sondage sur la place du Schnibble dans notre bonne vieille Vlurxtrznbnaxl. La question, envoyée à un panel de représentants de tous bords et de toutes catégories sociales (MLB/Struleone/CdBM/Secte/Scientifouilleurs/Patrons/Journalistes/Sans Etiquette), était « Qu’est-ce pour vous que le Schnibble ? ». La participation a atteint 73% du panel. Voici ce qu’il en ressort.

70% des sondés respectent le Schnibble comme objet de culte. Parmi eux, les sectaires, bien sur, qui ont le taux le plus fort (100%), ainsi que les Journalistes (100%). Mais considérons que les stagiaires interrogés n’ont eu d’autres choix que de voter ce qu’on leur disait. Pour le plus mauvais taux, on retrouve le MLB (50%). Quant aux citoyens sans étiquettes, ils suivent globalement l’avis général (67%).

24% considèrent que le Schnibble est vénéré par des gens étranges. Ce sont les Scientifouilleurs qui partagent le plus ce point de vue (50%), suivi de la Famille Struleone (33%). Ce score parait sous-estimé au vu du désaccord qu’ils partagent avec la secte. En queue de liste, bien sûr, les sectaires (0%) qui auraient pu se trouver eux-mêmes assez zloteurs mais n’ont pas de miroirs à leur disposition. Les citoyens neutres, eux, s’en moquent globalement (22%).

21% des bouzouks savent que le Schnibble est un objet du Boostzouk. Le chèque tobozonné du magasin -sponsor de ce sondage- étant arrivé aux rédacteurs en chef, nous pouvons lui conseiller de faire tourner la publicité en boucle sur toutes les TV à rayons gamma. Les plus informés sont les Journalistes (33%) et les non-tamponnés (33%), étrangement. On aura une attention toute particulière pour les Patrons (0%) et la Famille Struleone(0%) qui cachent mal leur jeu.

27% pensent que le Schnibble est un truc de riche. A ce niveau là, les Struleone ne s’y sont pas trompés (66%), suivis par les bouzouks sans étiquette (44%), qui n’abordent probablement pas la question de la même manière pour autant. On remarquera que seuls 25% des MLBistes ont répondu positivement à cette affirmation et qu’aucune violence n’a été à déplorer suite à ce sondage.

100% des bouzouks interrogés ont déjà entendu le mot Schnibble, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Miss Augine appréciera.

Enfin, 3% des bouzouks questionnés n’ont pas voulu se prononcer, probablement en flairant la question piège qui les aurait directement menés à la case Asile sans passer par la case « Jour de Paye ». Mais la liste des noms s’est égarée toute seule avant que les menaces ne pleuvent.


[Un concentré d’informations ainsi que les meilleurs commentaires seront disponibles dans la rubrique « Au cœur de la Rue » de votre Tobozon portable sous peu. En attendant, merci à tous les sondés pour leur participation !]