Jour après jour, la vie reprend son cours à Vlurxtrznbnaxl. Doucement, les bouzouks se remettent au travail - il faut bien vivre. Les plus rapides auront vite récupéré les commandes des entreprises désaffectées, dépeuplées, déprimantes au premier abord mais resplendissantes dans les yeux étincelants de ces premiers arrivés. Penser au profit si rapidement après une tragédie… Moi, ce genre d'attitude, ça me rend violent.

Plus loin, une colonne floue et coupée par moment amène à la colline pourpre certains de ses anciens habitants à la trompe basse. Ils sont chanceux mais ne le savent pas : leurs marche hagarde les amènent dans un lieu de vie qui sera bientôt inaccessible. L'armée recomposée entourera la ville et ne laissera passer les bouzouks qu'au compte-gouttes - mesure de sécurité oblige, 1 bouzouk sur 3 manque de radioactivité et est un danger pour tout son entourage. Étant un des derniers à rentrer, je frôle les militaires. Un crachat dans leur dos, ni vu ni connu. C'est toujours ça de pris.

Le cours de la vie reprend à Vlurxtrznbnaxl. Et à la fin de la journée de travail, ici ou là, devant l'usine ou au Bar des pochtrons, on se souvient. Beaucoup de choses ont été perdues avec la dissolution du peuple bouzouks il y a de ça 4 ans. Ici règne la nostalgie des temps anciens, des objets rares, des cultes, de la surpopulation. La mentalité des habitants ressemble au climat de leur ville : brumeuse. Ils se surprennent à une activité peu pratiquée ces dernières années : ils rêvent. Alors, un par un, dans leurs rares temps libres, les habitants expriment leurs ressentis, par des mots - moi, je me retiens surtout de leur foutre mon poing dans leur face de schnibble, à tous : tout ce qui n'est pas moi est un adversaire -, des discours, des silences alcoolisés ou des messes Schnibbliennes : tout est bon. Et surtout la musique.

En effet, un soir de juin, au Bar des Poch', les affamés relèvent la tête de leur Bouzouïoli, les assoiffés posent leur Bierrouïoli : à leur oreilles pointues sonne une musique qui les ramène dans les temps passés, et au coin du bar, dans l'obscurité, on peut distinguer des visages bien connus ici. Les Rollings-Zouks, petit groupe fameux, chauffent la soirée avec leur "Rock de Vlurxtrznbnaxl".

Alors dans les harmonies de cette soirée jouzzesque, on peut apercevoir les beaux jours qui attendent les Bouzouks - ça me tue...

C'est mardi dernier que nous avons appris la nouvelle.

Kerri avait acheté des locaux pour (re)monter son entreprise "Picsouioli", sans les avoir visités au préalable. Quelle ne fut pas sa surprise quand il pénétra dans sa nouvelle propriété : une forte odeur de raki et de bierrouïoli, une cours délabrée, des murs couverts de graffitis, une salle sombre au sol jonché de bouteilles vides, et - surtout - une bande de squatteurs, se revendiquant du Mouvement de Libération Bouzouk.

Après des heures de négociation acharnée, mégaphone à la main, c'est par ruse que le nouveau chef d'entreprise parvint à chasser les squatteurs, nous explique-t-il avec un brin de fierté dans la voix : « Je leur ai fait croire qu'un stock de bierrouïoli les attendait dehors pour les faire sortir. J'en ai alors profité pour rentrer et fermer la porte. ».

Pour le MLB, « C'est un véritable scandale ! ». En effet, la Miroirtie (nom donné à la salle à cause du grand miroir y trônant) était le plus vieux squat de la ville. C'était également une salle de concerts réputée.

Zorba refusant de s'adresser à la presse, c'est Obey qui s'est porté parole du MLB, évidemment très remonté contre Kerri. « Il n'avait pas le droit de nous mettre dehors ! C'est une honte ! Des centaines de concerts ont eu lieu ici, et tout s'arrête du jour au lendemain ! En plus de mettre des MLBistes à la rue, Kerri nous prive d'un des derniers lieux de la ville où l'on pouvait encore écouter de la bonne musique ! Et pourquoi ? Pour exploiter des bouzouks et faire du profit sur le dos du peuple ! »

Un discours apparemment incompris de Kerri : « Au début, ils avaient l'air déçus, c'est sûr, mais ils ont vite compris que j'étais dans mon droit. Afin de se faire pardonner, ils ont même été ma première main-d'œuvre ! »

Très surprenant. C'est en interrogeant Obey que nous avons compris :
« Nous tentions désespérément de lancer des Excréments de Crocomouth dans les locaux de Picsouioli - tentative bien vite abandonnée après avoir compris que nous augmentions la production de l'entreprise par nos actes. »

Connu pour ses méthodes violentes, le MLB ne s'arrêtera certainement pas là. Pour J.F Sébastien, « Ce conflit n'est pas évident à arbitrer, mais il serait bon que le Club des Bonnes Mœurs fasse quelque chose avant que la situation ne dégénère. »

La rédaction du Vlurxtrznbnaxl News est sur la brèche, et vous serez tenus au courant des événements via le tobozon. En attendant, espérons que Kerri se lasse vite de diriger une entreprise vide... que les concerts puissent reprendre...

Enfin presque, mais il y a de l'animation sur le tobozon en tout cas ! Alors que le MLB recrute lentement mais surement des révolutionnaires parmi les nouvelles trompes et que la Secte du Schnibble ne sait toujours pas quelle position adopter face à la commercialisation de son objet culte, le Club, lui, vient de faire sa première déclaration officielle. Et il était temps, car les déclarations officieuses de son chef commençaient à faire zlot.

Le Club est donc de retour, mais pas tout à fait. Les portes sont encore fermés au public, pour l'instant ce sont les travaux de reconstruction qui ont commencé. Pourquoi des travaux au juste ? "Car après toute cette absence il faut redéfinir ce que sont les bonnes moeurs, les adapter à notre Ville actuelle. En gros, il faut revoir tout le concept du Club" nous informe myrddin, son Chef.

Nous le questionnons à nouveau : "Mais vous êtes toujours là pour maintenir l'ordre moral de la Ville, rassurez-nous ? Et la Saine Censure, on va la retrouver aussi ? À quand la liste officielle des nouveaux censeurs ?" Néanmoins, myrddin reste évasif et semble d'autant plus captivé par la bouzoukette qui sort du bureau de notre rédacteur en Chef.

"Evidemment, comment voulez-vous qu'on préserve notre Ville de la zlot si on ne peut plus utiliser la Saine Censure ! La liste des membres, on y viendra, mais plus tard. Pour l'instant on se concentre sur les bonnes moeurs, on essaye de comprendre et prévoir comment Vlurxtrznbnaxl va se développer pour pouvoir agir en amont. Le bouzouk est un mutant complexe et il faut se poser les bonnes questions : pourquoi tant de mendiants et si peu de pochtrons, pourquoi les bouzouks continuent t-ils de perdre leurs struls au bonneteau plutôt que payer les impôts, ou encore pourquoi s'enferment t-ils dans une secte pour prier ou pire encore, pourquoi délivrent t-ils un message révolutionnaire alors que nous vivons pacifiquement ? Vous m'excuserez, je dois y aller : une affaire de trompe à régler aux quartiers des plaisirs ! Mais si vous voulez participez au Club, c'est le moment et c'est au tobozon qu'il faut vous rendre.