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Un nouveau jour finissait lentement à Vlurxtrznbnaxl. Comme presque chaque soir, ElDonad sortait de son refuge qu'était devenu le siège de la SMILE, et se dirigeait à grands pas vers les murs de la ville. Se faisant elle croisait les nombreux bouzouks qui revenaient de la zone industrielle où ils avaient travaillé toute la journée. La plupart paraissaient éreintés, probablement à raison : ElDonad ne pouvait s'imaginer rester plus de cinq heures dans un bureau à coller des timbres et trier des trombones !
Néanmoins, aussi fort qu'elle les plaignaient, ces zouks travailleurs avaient en compensation quelque chose dont elle manquait terriblement : un salaire régulier. La pénurie presque interrompue de ces derniers mois avait eu raison et des économies et du frigidheer de la zoukette, et même le marché noir ne serait bientôt plus une option pour elle... C'est pourquoi ce soir serait le Grand Soir ! Elle avait passé les deux dernières semaines à préparer cette escapade, et si elle avait vu juste, cette pénurie ne serait bientôt qu'un lointain souvenir !
Ses nouvelles bottes en caoutchouc lui faisaient un peu mal aux pieds et claquaient durement sur le pavé de la ville, ce qui était particulièrement pénible à ses yeux, et son sac à dos rempli à ras-bord lui sciait déjà les épaules, mais elle n'y prêtait pas vraiment attention : son voyage ne faisait que commencer, et l'excitation de l'aventure contrebalançait largement ces désagréments !
Aucun bouzouk ne prêtait attention à elle, malgré son accoutrement encore plus insolite que l'ordinaire, et elle se retrouva bientôt aux pieds des murs de la ville, alors que le soleil couchant irradiait ses derniers rayons verts en disparaissant derrière l'horizon. ElDonad commença à palper frénétiquement le mur, à la recherche de quelque chose. En théorie, elle avait le droit, ainsi que tous les bouzouks de la ville, de sortir librement par la porte principale, et ces murailles avaient pour but originel de protéger la ville des vents violents qui montaient de la plaine et qui, s'ils n'affectaient que peu les bouzouks dont la tête essentiellement creuse leur assurait un centre de gravité très bas, occasionnaient d'importants dégâts matériels. Néanmoins, les conditions de vie se dégradant, les maires successifs avaient pris l'habitude de faire surveiller les entrées et sorties des citoyens, probablement pour s'assurer qu'aucun ne se livrait au trafic de contrebande sans leur autorisation. Si à priori son activité n'avait rien d'illégal, ElDonad était plutôt du genre à poser des question qu'à y répondre, et elle ne souhaitait pas que cela change. Aussi s'était-elle aménagée une sortie personnelle...
Après plusieurs minutes de palpage, elle finit par trouver ce qu'elle cherchait : avec un grognement triomphal, elle s'empara d'une corde qui courait le long du mur, à peine visible dans la pénombre. Elle se défit de son paquetage et noua solidement son sac à dos à l'extrémité de la corde. Puis elle s'empara à deux mains de celle-ci et commença à escalader, le corps parallèle au sol, les deux pieds sur le mur et les mains tirant sur la corde. Les bottes en caoutchouc ne lui facilitaient pas la tâche, mais elle avait une longue expérience de la manœuvre, et fut bientôt au sommet du mur. Elle s'assit un instant sur le rebord, haletante, s'épongeant le front de son mouchoir.
La plaine immense s'étendait sous ses pieds, d'un vert métallique sous le soleil couchant. la route principale sinuait à sa gauche jusqu'à l'horizon, et on pouvait apercevoir clairement les quelques bâtiments installés hors des murs de la ville, comme le SPQR ou les ruines de Zarkham. Plus loin, une forêt d'arbres aux couleurs irisées s'étendait à l'infini. Peu de bouzouks s'étaient aventurés là-bas, et on disait de ces arbres qu'ils consommaient volontiers des animaux, ou des jeunes zouks non précautionneux, mais ça n'était pas là l'objet de sa quête. S'arrachant à sa contemplation, elle se releva bientôt et se tourna à nouveau vers la ville. Empoignant à nouveau la corde, elle se mit à tirer, hissant ses bagages de toutes ses forces. A force de jurons et de halètements, elle parvint finalement à empoigner son sac et à le poser sur le mur. Pour un petit gabarit comme elle, ce genre d'effort lui causait bien grand mal, et son ventre vide de longtemps ne lui facilitait pas la tâche. Elle ouvrit son sac, farfouilla un instant dedans, et en extirpa un floppers. Voilà qui lui donnerait assez d'énergie pour la suite, espérait-elle...
Elle attrapa de son paquetage un morceau de chiffon qu'elle s'enroula autour des paumes, puis empoigna son sac et le projeta de l'autre côté du mur. Se protégeant du frottement grâce au chiffon, elle fit glisser son sac le long de la paroi, assurant sa descente du mieux qu'elle pouvait. La corde était bientôt déroulée en entier quand une bourrasque violente la déstabilisa : surprise, elle manqua de lâcher la corde, et son sac entama une descente accélérée vers le sol. Poussant un nouveau juron, ElDonad se précipita sur la corde et la retint autant qu'elle pouvait. Le sac freina quelque peu sa course, mais atterrit tout de même dans un grand "KRONK" qui la fit grimacer... Elle se laissa glisser à son tour le long du mur, et mit bientôt les pieds sur la fange mousseuse qui constituait l'essentiel du sol de la vallée. Après une rapide inspcection, qui ne révéla heureusement pas de dégât sérieux, elle remit son barda sur le dos et se dirigea bientôt vers un petit bosquet à sa droite. La progression sur ce tapis boueux était difficile, mais les bottes montraient à présent leur utilité, et elle atteignit bientôt l'orée du bois. Là, les effluves fétides de la ville s'estompaient un peu pour laisser place à la senteur bien plus agréable de la nature : la sève luisante suintant des arbres noueux, les lichen rougeâtres émettant leurs spores corrosives, les charognards difformes tournoyant dans le ciel, tout cela était bien plus à son goût que l'omniprésente odeur d'égouts de la ville !
Elle n'avait cependant pas le loisir de s'épancher plus sur les merveilles de la nature : le soir tombait, et elle tenait à profiter du crépuscule pour terminer ce qu'elle avait à faire. Elle se remit donc en route, pénétrant plus avant dans la forêt. Elle parvint bientôt à une clairière encore vaguement éclairée par les rayons du soleil et la phosphorescence des feuilles. Les arbres qui bordaient cette clairière étaient tous fruitiers, et un seau trônait en son centre. Elle s'en empara, et se mit à récolter quelques fruits. Ils étaient très charnus, rouge écarlate, se décomposaient dans sa main et dégageaient une odeur qui faisait presque regretter à ElDonad les snacks de la Taverne de Zangdar. Elle effectua rapidement sa cueillette, jusqu'à avoir un seau plein de ces pêches fétides. Elle se dirigea ensuite hors de la clairière, traînant péniblement son seau plein en plus de son paquetage, dans une direction précise à travers le bois.
Au bout de longues minutes de marche dans une pénombre toujours plus épaisse, elle aperçut enfin sa destination : entre les arbres, un étrange cabanon se dressait, d'un blanc grisâtre détonnant au milieu de tout ce vert, guère plus qu'une remise au milieu de cette nature sauvage. En s'approchant un peu, elle put percevoir des grognements rauques excités s'échappant du cabanon. Suant abondamment sous son imper beige, elle se traîna jusqu'à la porte dont la peinture rouge s'écaillait, et dont se détachait presque un panneau jaune gravé de signes étranges en forme d'éclairs, qu'elle ouvrit d'un coup de pied botté. Aussitôt, surgissant de l'ombre, une forme massive s'élança dans sa direction. S'y attendant, ElDonad lâcha son seau et se déporta sur le côté aussi vite que ses jambes fatiguées et son lourd équipement le lui permettaient, évitant de justesse le grazouk énorme en plein élan. Celui-ci percuta le seau de plein fouet, déversant son contenu sur le sol. L'animal aux anges mordit avidement dans les fruits, n'en faisant qu'une bouchée et éclaboussant les environs. A une distance prudente de l'animal, ElDonad s'affairait maintenant à démarrer un antique générateur qui gisait dans un coin du cabanon, sous un porche à demi démoli. Après quelques essais infructueux et jurons bien sentis, celui-ci démarra dans un toussotement poussif, et une lueur blafarde illumina bientôt l'intérieur du cabanon.
Le grazouk avait repris beaucoup de son poids originel depuis qu'elle l'avait secouru deux semaines auparavant. Elle l'avait repéré lors d'une de ses rondes habituelles le long du mur, semblant errer sans but à travers le no zouk's land qu'était les environs du mur. Il n'avait plus que la peau sur les os, et son tatouage sur l'oreille laissait penser à la zoukette qu'il s'agissait d'un bétail d'élevage, dont le ziclick de la ferme à l'usine avait mal tourné. Le pauvre animal ne pouvait sans doute se nourrir seul, n'étant pas habitué à devoir chercher lui-même sa pitance. Après de longues heures de course-poursuite avec la bête, ElDonad l'avait convaincu de la suivre, et l'avait mené à cet endroit qu'elle connaissait bien pour son abondance de nourriture (sinon sa qualité gustative...) Depuis elle avait rendu visite à la bête presque tous les jours, s'assurant de son rétablissement, et le préparant pour son projet à venir. A ce sujet...
Contournant le suidé affairé à finir son repas, elle pénétra dans l'abri, maintenant éclairé par une ampoule au dessus de la porte d'entrée. Au fond de la pièce, sous une bâche protectrice, elle extraya un ensemble de bandes de cuir cousues entre elles. Elle pouêta dans sa trompe, et le grazouk s'avança docilement vers elle. Il se laissa équiper de l'assemblage de lanières sans rechigner, se pourléchant les babines et grognant de contentement. Au bout de quelques minutes l'arrangement de cuir, de métal et de fil cousu s'était déployé en un harnais complet sur le dos du grazouk, comprenant une selle et des crochets pour attacher l'équipement. ElDonad tournait autour de la bête, inspectant son travail d'un regard appréciateur, réfléchissant sur les améliorations de dernière minute à effectuer. Elle s'empara de son sac qu'elle avait laissé à l'entrée, l'attacha aux crochets derrière la selle, éprouva les sangles, détacha à nouveau le sac. Elle en sortit une grosse aiguille et du fil solide, consolidant une lanière par ci, renforçant une autre par là, rattacha son sac...
Au bout de quelques minutes de ce ballet, elle s'estima satisfaite. Elle reposa son sac à terre, et soulagea le pork de son harnais, qu'elle plia soigneusement et rangea à nouveau sous sa bâche. Dehors, la nuit était tombée, et elle avait fermé la porte de l'abri pour éviter que les insectes de nuit, attirés par la lumière, ne la dérange dans son travail et énervent son compagnon. Elle but abondamment à une gourde qu'elle portait sur elle, mangea deux ou trois floppers, puis se défit de son imper, qu'elle étala au sol. Elle devrait partir tôt le lendemain matin, aussi n'était-il pas question qu'elle retourne en ville pour passer la nuit. Aussi désagréable que cela lui paraissait, elle devrait passer la nuit en compagnie du grazouk... Elle s'aménagea un oreiller avec les lanières de cuir qui lui restaient, sortit une couverture de son sac. Puis, après avoir récité une nouvelle fois dans sa tête son emploi du temps du lendemain, elle sortit du cabanon et arrêta le générateur. L'ampoule mourante lui offrant juste assez de lumière pour se repérer, elle se faufila dans le cabanon sous sa couverture et, écoutant les bruits de la nuit et du générateur qui récupérait son souffle, elle s'endormit, vaincue par l'épuisement.
Dernière modification par Buck (2961-10-10 22:20:40)
La nuit fut courte et le réveil difficile. ElDonad, bien que se considérant plutôt comme une zoukette de la rue, n'avait pas moins rarement dormi ailleurs que dans un lit, et le sol bétonné de la casemate contrastait fortement avec son matelas. Elle se leva péniblement, ses lombaires protestant vigoureusement à tout étirement qu'elle leur faisait subir. Le grazouk était toujours là, allongé dans un coin, et la fixait de ses yeux placides. ElDonad aurait juré lire de l'amusement dans ses yeux. Revêche, elle soutint son regard quelques secondes, puis détourna les yeux.
Dehors, le soleil pointait tout juste à l'horizon. Les champinocturnes s'effritaient dans l'atmosphère humide de l'aube, les fleurs à mouches ouvraient leurs corolles et répandaient leur arôme délicatement faisandé. Elle profita d'un peu d'eau accumulée dans le creux d'une grosse feuille pour se laver la figure (elle regretta aussitôt son geste, l'eau était glaciale et croupie), et s'étira quelques minutes, essayant d'obtenir de son dos un minimum de coopération.
Cela fait, elle regagna l'intérieur du cabanon, et rééquipa le grazouk de la selle. Celle-ci était très rudimentaire, ElDonad n'avait jamais été très douée avec une aiguille, mais les matériaux étaient de qualité et les coutures solides. Si elle tenait les STOGNEEGNEE mètres, elle tiendrait le temps qu'il faudrait. Elle installa également son sac sur les crochets, et mena l'animal à la clairière où il pourrait petit-déjeuner. Elle-même s'accorda une tarte de bloubz, la dernière qu'il lui restait. Il lui faudrait bientôt trouver des sources d'approvisionnement alternatives, mais il serait bien temps de s'en occuper plus tard.
Une fois leur repas respectif consommé, elle retourna auprès du grazouk. Elle inspira profondément deux fois. Puis, elle passa une botte dans la lanière de cuir qui servait d'étrier, se hissa à grand peine sur le dos de l'animal, et se stabilisa du mieux qu'elle le put sur la selle. Elle resta prostrée quelques secondes, paralysée par la peur de tomber. Mais le grazouk n'avait pas bougé et mâchonnait paisiblement une fleur à mouches. Avec un sourire triomphant, ElDonad éperonna la bête :
« Et c'est parti ! L'enquête a officiellement commencé ! »
Mais rien ne partit du tout. Le grazouk n'avait pas réagi aux coups de talons de la zoukette. Il était même probable que sous son importante couche de graisse et sa peau épaisse, il n'avait strictement rien senti. La cavalière réitéra son ordre, sans plus de succès. Après quelques minutes d'acharnement qui ne lui valurent pas grand chose de plus du grazouk qu'un grognement irrité, elle descendit de sa monture, déçue. L'aventure s'annonçait déjà plus complexe que prévu...
Elle craignait de devoir traîner le grazouk sur toute la longueur du trajet, et était partie chercher une longueur de corde au refuge, mais celui-ci la suivi de bon gré, et elle prit finalement la décision de commencer son voyage à pieds. Après tout, elle avait encore les faubourgs de la ville à traverser, et les routes et le climat seraient encore supportables pendant un certain temps. Elle rejoignit donc la grand route et commença à marcher, le grazouk à sa suite.
Du fait de sa position privilégiée en haut de la Colline, c'est-à-dire au beau milieu du champ magnétique intense qui protégeait la région des rayons les plus dévastateurs du soleil, la ville de Vlurxtrznbnaxl puisait ses ressources en grande partie dans la jungle luxuriante qui l'entourait. La majeure partie du traitement et de l'industrie s'effectuaient intra-muros, et le ziclick s'était avéré durant les dernière décennies un moyen très sûr de transporter les ressources du lieu de production aux diverses manufactures (ou du moins aucune diminution notable n'avait été enregistrée dans les stocks, mais comme personne ne comptait c'était difficile de savoir au juste). De fait, les routes marchandes à l'entretien coûteux avaient rapidement périclité, rapidement avalées par la forêt, et comme personne à l'époque n'avait pensé à installer un ziclick qui ne soit pas directement connecté à un broyeur énorme ou à un four à micro-ondes industriel, les quelques bouzouks qui étaient resté sur place s'étaient retrouvé plus ou moins isolé de la ville, et se chargeait en autonomie à peu près totale d'approvisionner les diverses industries en ressources diverses dont dépendait la survie des habitants de la ville. En tout cas c'était l'histoire qu'ElDonad avait pu reconstituer approximativement de ses nombreuses soirées aux tavernes en compagnie des soûlards qui les occupaient. Si certaines des usines, de par leur proximité avec les lieux de récolte, pouvaient se permettre de s'approvisionner elles-mêmes en matières premières, une bonne partie d'entre elles dépendaient de ce réseau de ziclicks longue distance. Pour elle, une partie de la crise alimentaire actuelle provenait de là. Peut-être que les entreprises ne s'étaient pas encore aperçues de la baisse progressive des arrivages ! Peut-être que quelque part au delà de la jungle, un groupe de fermier avait décidé un beau jour qu'il prendrait sa retraite, et personne ne s'en est préoccupé !
C'étaient des suppositions, bien sûr, mais elle avait résolu d'en avoir le cœur net, et c'est pourquoi elle se retrouvait sur la route principale hors de la ville en vue du SPQR, première installation hors des murs que la route longeait. A première vue, le bâtiment semblait désert. ElDonad avait déjà croisé le propriétaire des lieux à plusieurs reprises, un bouzouk timide et un peu excentrique du nom de Buck. Il avait sans doute été pas mal occupé depuis la grande évasion des pioukpiouks à la fête de Nabuee, quelques semaines auparavant. Elle espérait qu'il s'en sortait avec les réparations.
Elle s'arrêta quelques minutes à la grille, espérant apercevoir un pioukpiouk dans la grande cour centrale, mais elle n'en vit aucun. Ils devaient petit-déjeuner ailleurs, ou dormir encore. S'ils étaient jamais revenu de leur escapade. Elle reprit bientôt sa route, le grazouk toujours sur ses talons. L'échelon suivant était l'ancien manoir de Zarkham, mais elle choisit de passer au large. Les anciennes ruines hébergaient de mauvais souvenirs, et il n'était pas prudent de s'aventurer à proximité, même par un matin ensoleillé comme celui-là. Au fur et à mesure qu'elle s'aventurait plus avant loin de la ville, la nature reprenait progressivement ses droits. Par endroits, le bitume était éventré par d'épaisses racines, et les craquelures du sol l'obligeaient parfois à faire de grandes enjambées. La chaleur était encore supportable, mais l'humidité ambiante croissante ne facilitait pas l'effort physique, et la zoukette dû bientôt se départir de son imper et de son écharpe, qu'elle noua autour de sa taille.
La matinée s'avançait à présent, et bien que la route soit toujours à peu près praticable, ses bottes commençaient à lui torturer les orteils, et ElDonad cherchait toujours une idée pour monter le grazouk. L'idée lui vint en observant les longues lianes qui pendaient des immenses eucalyptus au dessus de sa tête. Elle commença par prendre autant de distance qu'elle le put avec l'animal, ce qui était chose aisée étant donné que ce dernier dépassait à peine sa vitesse de marche, et qu'il ne semblait pas vraiment en mesure d'aller plus vite. Une fois cela fait, elle escalada un arbre proche. L'opération ne lui posa pas de difficulté particulière, elle était largement habituée à des exercices de ce genre. Une fois installée à califourchon sur une branche proéminant au dessus de la route, elle se saisit d'une liane accrochée au tronc et attendit le passage du grazouk. Une fois celui-ci plus ou moins sous la branche, elle se laissa tomber sur la selle, la liane freinant sa chute. Le gras du dos du pork et le rembourrage de la selle ne suffirent pas à lui occasionner une vilaine pique de douleur au derrière, mais elle y était enfin ! L'animal ne semblait pas avoir fait grand cas de l'attaque, et continuait imperturbablement son avancée, peut-être pensant toujours la suivre. En tout cas, la voilà en place !! Ravie de son exploit, elle s'arrima solidement à la selle et sorti la gourde de son sac, à laquelle elle but goulûment. L'air avait beau être assez humide pour l'obliger à essorer sa tunique toutes les heures, elle n'en avait pas moins soif.
Son premier objectif, les immenses champs de Spagouilli, se situaient au delà de la jungle, aussi le trajet était encore long. Prise d'un accès de bonne humeur, elle se mit à fredonner. A dos d'animal, le trajet était soudain devenu beaucoup moins pénible, et la perspective de la découverte l'enchantait. Cela faisait si longtemps qu'elle rêvait de quitter la ville ! C'est ainsi qu'elle s'enfonça plus profondément encore dans la jungle luxuriante, loin hors de la ville, du confort de la civilisation et surtout du champ magnétique protecteur. Cela deviendrait un problème plus tard, elle s'en doutait, mais elle avait encore le temps d'aviser...
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